lundi 27 mai 2013

UN bilan sanglant : Tlemcen se souvient des massacres du 4 juin 1957

Un certain 4 juin 1957 au quartier El Medrès, actuellement place des Chouhada, théâtre de l’assassinat de dizaines d’innocents citoyens par la soldatesque française.
 Article publié sur elmoudjahid.com le 31-10-2012:
Une plaque commémorative a été apposée sur l’une des façades de la grande mosquée de la ville de Tlemcen pour marquer le massacre perpétré à proximité de ce lieu de
Cette mosquée, édifiée sous le règne des Zianides, reste aujourd’hui le témoin de cette tragédie. Le Minbar à partir duquel l’imam de la mosquée prononçait ses prêches garde encore les traces de balles, preuves de cette tuerie, véritable crime de guerre. L’armée française n’a pas hésité à violer la franchise de ce lieu de culte, tuant l’imam Cheikh Massoum qui dirigeait la prière d’El Maghrib, ainsi que de nombreux fidèles présents sur place. Selon le moudjahid Tabet Aouel Abdessalem, auteur du livre «La bataille de Tlemcen», l’armée française, en réagissant de la sorte, voulait se venger des opérations menées par les fidaï, le jour même, dans la ville de Tlemcen, ciblant particulièrement des soldats et des lieux fréquentés par les colons et les militaires. Le même auteur a signalé que les opérations de fidaï ont débuté, dans la matinée, vers 10 heures, pour prendre fin à la tombée de la nuit. Un véhicule militaire a été la cible d’une attaque à la grenade, suivi de plusieurs opérations sporadiques avant qu’un café, fréquenté par les Européens, donnant sur l’actuel rue Bab El Djiad, ne soit le théâtre d’une autre attaque à la grenade et à la bombe. Pour répondre à ces actions héroïques, les soldats français n’avaient d’autre alternative que de viser de paisibles passants sans défense. En effet, plusieurs véhicules ont sillonné les rues de la ville, tirant au hasard et à l’aveuglette contre tout ce qui bougeait. Les criminels ont poussé leur hargne jusqu’à s’attaquer à la grande mosquée de Tlemcen, tuant son imam et de nombreux fidèles. Le bilan de cette journée sanglante était lourd. Il a été dénombré des dizaines de morts et des centaines de blessés. De son côté, le moudjahid Bali Bellahcen, auteur d’un livre intitulé «Mémoires d’un fidaï» qui est l’un des artisans de ces faits héroïques, a précisé que son groupe avait reçu pour consigne de harceler les troupes françaises et de ne leur laisser aucun répit. «J’ai distribué des bombes et grenades à mes éléments tout en leur fixant les cibles à attaquer», a-t-il relaté, en citant les noms des membres ayant exécuté ces opérations, dont le moudjahid Sid Ahmed Hamhami, encore en vie. Parmi les cibles visées, figurait le camp de la Légion étrangère, implanté à Dar El Hadith, une institution édifiée par l’association des Oulémas en 1937, transformée en caserne militaire après le déclenchement de la guerre de libération nationale. De nombreux légionnaires ont trouvé la mort, lors de cette opération, déclenchant une violente riposte de l’armée française dont les éléments se sont attaqués aux civils sans défense, semant la mort sur leur passage. Selon un rapport de l’administration de l’hôpital de Tlemcen, il a été dénombré 39 morts parmi la population civile. Cependant, «ce bilan est loin de refléter la réalité. Plusieurs morts n’ont pas été pris en compte dans ce bilan et des dizaines de personnes ont succombé, plusieurs jours plus tard, des suites de la gravité de leurs blessures», a ajouté l'auteur. M. Bellahcen a rappelé, à ce propos, que la riposte sauvage de l’armée française «n’a été en réalité qu’une tentative de se venger par rapport à la cuisante défaite essuyée quelques jours auparavant lors de la bataille de Fellaoucene». Ces attaques fidaï se sont déroulées dans un contexte international particulier après le discours prononcé le 2 juillet 1957 par le sénateur John F. Kennedy, élu démocrate de l’Etat du Massachussetts, dans lequel il a pris position en faveur de l’indépendance de l'Algérie et du processus de décolonisation dans le continent africain. Ce discours avait eu un retentissement extraordinaire dans le monde. Il a été également interprété comme un soutien à la juste cause du peuple algérien pour son indépendance nationale. Ni les exactions, ni les crimes collectifs, ni les graves atteintes à la dignité humaine n’ont pu altérer la détermination des moudjahidine à arracher l’indépendance de leur pays au prix de mille et un sacrifices.

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